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samedi 9 novembre 2013

Z comme... Zumwalt

Amiral de l'US Navy et commandant des unités de guerre fluviale entre 1968 et 1970. Né en 1920 à San Francisco, Zumwalt sort diplômé de l'académie navale d'Annapolis en 1942. Il combat à Guadalcanal et dans les Philippines. Il est aussi présent pendant la guerre de Corée et passe ensuite au Naval College et au National War College, avant de prendre le commandement, en 1959, du premier navire lance-missiles de la Navy, la frégate USS Dewey. En 1964, il assiste le secrétaire à la Marine Paul Nitze et se montre réticent devant l'escalade de l'engagement américain en Asie du Sud-Est. L'année suivante, il est le plus jeune contre-amiral de l'US Navy. En 1966, il prend la tête de la division d'analyse des systèmes.

En septembre 1968, on lui confie le commandement des forces navales américaines au Viêtnam et du Naval Advisory Group, un poste considéré comme une impasse puisque plutôt "brown water navy" en lieu et place de la "blue navy". Il est chargé d'empêcher le flot logistique communiste à travers le delta du Mékong et de passer le relais à la marine sud-viêtnamienne. Zumwalt s'attèle à la tâche avec énergie. Il amplifie l'opération Market Time en lançant des raids de petits navires contre les voies d'approvisionnement jusqu'au Cambodge (opération Giant Slingshot). Pour appuyer les opérations amphibie, il fournit des Landing Craft aux soldats de la 9th Infantry Division. Il crée le programme ACTO (Accelerated Turnover to the Vietnamese) pour faire avancer la viêtnamisation avec une coopération étroite entre Américains et Sud-Viêtnamiens, et montre l'exemple dans ses relations avec le chef de la marine sud-viêtnamienne, l'amiral Tran Van Chon. Zumwalt pousse aussi à l'utilisation de l'agent orange comme défoliant au Sud-Viêtnam.

Sa performance est si impressionnante qu'il est rappelé à Washington en avril 1970 pour devenir chef des opérations navales. Il est le plus jeune officier de l'histoire de la Navy à tenir ce rang avec le grade d'amiral. Il se met à nouveau  à la tâche pour la réforme du personnel et l'affrontement avec la flotte soviétique. En tant que chef des opérations navales, il ne perd pas de vue le Viêtnam : pendant l'offensive de Pâques 1972, il presse les autorités de procéder au minage du port de Haïphong. Il est très impliqué, en tant que citoyen, dans les efforts humanitaires reliés à la guerre du Viêtnam. Il obtient ainsi la relaxe de Tran Van Chon. Il est aussi le porte-parole des vétérans victimes des herbicides ; son fils est en effet décédé en 1988, à 42 ans, d'un cancer probablement entraîné par l'exposition à l'agent orange. Zumwalt lui-même est victime d'un cancer diagnostiqué en 1986. Il maintient cependant que sa décision d'utiliser l'agent orange dans le delta du Mékong a contribué à sauver de nombreuses vies. Il regrette seulement les effets induits sur les soldats et les marins américains. Il meurt en 2000.


Pour en savoir plus :


MALCOLM MUIR JR., "Zumwalt, Elmo Russell, Jr.", in Spencer C. TUCKER (éd.), THE ENCYCLOPEDIA OF THE VIETNAM WAR. A Political, Social, and Military History, Second Edition, ABC-Clio, 2011, p.1363-1364.

mardi 8 octobre 2013

R comme... Ranch Hand (opération)

Le nom de code, pendant la guerre du Viêtnam, de l'opération d'épandage de pesticides. Ranch Hand part en fait de deux objectifs : dénier au Viêtcong le couvert de la jungle mais aussi lui interdire l'utilisation des récoltes au Sud-Viêtnam. En 1961, devant la montée en puissance du Viêtcong, le président Diêm demande une aide américaine accrue. Le 30 novembre, le président Kennedy approuve l'emploi des pesticides au Sud-Viêtnam.

A l'époque, si des millions de litres de pesticides sont utilisés dans l'agriculture américaine, l'armée n'a pas développé le programme chimique depuis une bonne décennie, même si le petit détachement baptisé Small Aerial Spray Flight (SASF) s'est converti du C-47 au C-123. Après une expérimentation très réussie d'épandage de défoliants en 1959 à Camp Drum, et suite à une visite du vice-président Johnson au Sud-Viêtnam en mai 1961, un centre de contre-insurrection conjoint américano-viêtnamien est créé. Sa tâche principale est d'évaluer l'emploi de pesticides contre le couvert de la jungle et les récoltes sous le contrôle du Viêtcong. Le docteur James Brown, commandant adjoint du US Chemical Warfare Center, supervise les essais.

Les problèmes sont nombreux. Les Américains ne connaissent presque rien du couvert végétal viêtnamien, et ils ne disposent au départ que de vieux C-47, même si des hélicoptères H-34 Chocktaw sont disponibles, de même que quelques turbines au sol. Les succès des tests de Brown entraînent une demande d'expédition du SASF au Sud-Viêtnam. En prévision de l'ordre du président Kennedy, 6 C-123 arrivent sur place le 28 novembre 1961, équipés du nouveau diffuseur MC-1, dans le cadre de l'opération Farm Gate. Le 7 janvier 1962, 3 C-123 se posent à l'aéroport de Tan Son Nhut près de Saïgon. Ils commencent leur mission le 12 janvier en visant une route au nord de Saïgon, dégageant le couvert autour de la voie ; puis des mangroves du delta du Mékong, autour des zones côtières productrices de riz, sont visées.

Les équipages utilisent alors les agents bleu et violet (noms de code pour différents herbicides) mais les résultats sont moins importants qu'escomptés. Après de nouveaux tests en Floride, le nombre de buses sur chaque aile est réduit de 42 à 35, de façon à augmenter la quantité répandue par chacune. En outre, les missions sont dangereuses, car les appareils doivent voler très bas, en ligne droite, à vitesse réduite, ce qui les rend vulnérables aux armes antiaériennes, surtout après 1963. Les 3 appareils engagés passent de 60 missions en 1962 à plus de 270 en 1964. Les difficultés augmentent car ils opèrent maintenant de plus en plus dans les provinces au nord, qui contrairement à celles du sud, ont une relief plus découpé.

Après l'incident du golfe du Tonkin, les tactiques sont quelque peu modifiées. Les missions de destruction de récoltes sont effectuées par des hélicoptères. Le 3 octobre 1964, les équipages de Ranch Hand, qui opèrent avec des observateurs sud-viêtnamiens à bord, larguent leur cargaison sur la War Zone D, visant des récoltes. Les rizières, souvent placées dans des vallées ou de petites clairières dans la jungle, nécessitent parfois des approches relevant parfois du bombardement en piqué. Un quatrième appareil vient renforcer le groupe en décembre.

En 1965, les équipages initiaux, qui servaient pour un temps très court, sont remplacés par d'autres qui effectuent le tour de service réglementaire. En novembre, 3 UC-123B rejoignent l'inventaire. Si l'agent bleu reste utilisé contre les récoltes, le moins coûteux et plus efficace agent orange est désormais employé pour la défoliation de la jungle. Un détachement opère désormais à partir de Da Nang contre la piste Hô Chi Minh. En 1966, l'unité compte 14 appareils, et 25 en 1968. En 1969, on compte 33 appareils de la version C-123K améliorée. En octobre 1966, le 309th Spray Flight est devenu le 12th Air Commando Squadron. L'escadrille se déplace à Bien Hoa pour améliorer la logistique de l'opération. 

L'expansion de l'unité conduit les appareils à effectuer parfois d'autres missions : transport pendant l'offensive du Têt, ou missions spéciales au Laos ou en Thaïlande. En 1965 cependant, les avions accomplissent près de 900 missions pour leur épandage, et plus de 5 700 en 1968. Mais, en 1969, une étude de cinq ans du National Cancer Institute montre au département de la Défense que l'exposition aux pesticides peut entraîner de graves problèmes de santé. Le mécontentement de l'opinion publique grandit quand le Cambodge affirme qu'une bonne partie de son territoire a été visé par des épandages chimiques. En conséquence, l'opération Ranch Hand est progressivement réduite. Dès la mi-1970, le 12th Air Commando Squadron ne compte plus que 8 appareils et se trouve sur la base aérienne de Phan Rang, utilisant l'agent blanc au lieu de l'agent orange. Les trois dernières missions sont effectuées le 7 janvier 1971.


Pour en savoir plus :


Charles J. GASPAR, "Ranch Hand, Operation", in Spencer C. TUCKER (éd.), THE ENCYCLOPEDIA OF THE VIETNAM WAR. A Political, Social, and Military History, Second Edition, ABC-Clio, 2011, p.958-960.