L'assaut sur cette pagode de Saïgon, le 21 août 1963, a servi de catalyseur à la contestation contre le régime de Diêm, particulièrement chez les bouddhistes, au Sud-Viêtnam, mais aussi aux Etats-Unis. Les tensions s'exacerbent après que Diêm aient interdit aux leaders bouddhistes d'arborer leurs drapeaux à l'occasion des cérémonies d'anniversaire de la naissance du Bouddha. Catholique, Diêm ne s'est pourtant pas opposé au déploiement des drapeaux blancs et dorés des catholiques en l'honneur de son frère aîné Ngo Dinh Thuc, archevêque de Hué.
Le 7 mai 1963, les bouddhistes, qui par dérision arborent les drapeaux des catholiques, affrontent les forces de sécurité à Hué, et il y a plusieurs victimes. Chaque camp s'accuse d'avoir provoqué l'autre, et ne veut pas céder du terrain. Diêm craint pour son régime. Le 11 juin, un moine bouddhiste s'immole en plein milieu de Saïgon. Diêm et son frère Nhu, qui dirige la police secrète, font alors surveiller étroitement les bouddhistes.
La pagode Xa Loi est utilisée comme point de rassemblement pou des manifestations devenues quasiment quotidiennes dans la capitale. Le 21 août, les forces spéciales de Nhu font irruption dans la pagode ainsi que dans d'autres à Saïgon, prétextant d'une tentative de coup d'Etat. Les hommes de Nhu, qui portent l'uniforme militaire, mettent à sac la pagode, la pillent, et arrêtent près de 400 moines ou nonnes bouddhistes, dont le patriarche âgé de plus de 80 ans.
Un moine bouddhiste parvient à se réfugier dans l'ambassade américaine, ce qui manque d'entraîner un incident diplomatique lorsque les forces de Nhu encerclent l'édifice et exigent la remise du moine. La réaction internationale face à ces événements est désastreuse pour Diêm. Celui-ci ordonne ensuite la loi martiale et de tirer à vue sur tous ceux qui violeraient le couvre-feu. Des centaines de manifestants sont arrêtés. Cet incident renforce les Américains dans la conviction qu'un changement de régime est nécessaire. Trois mois plus tard, Diêm est renversé, avec le consentement des Etats-Unis.
Pour en savoir plus :
Ronald B. FRANKUM, "Weyand, Frederick Carlton", in Spencer C. TUCKER (éd.), THE ENCYCLOPEDIA OF THE VIETNAM WAR. A Political, Social, and Military History, Second Edition, ABC-Clio, 2011, p.1351.
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