La tactique d'attrition employée au Sud-Viêtnam entre 1965 et 1968. Elle est conçue par le commandant en chef du MACV, Westmoreland, et son G-3, le général DePuy. Cette tactique n'est pas issue de réflexions de comités militaires, de think-tanks ou du US Army Command and General Staff College. Elle est fonction des capacités militaires du moment. C'est une approche empirique issue des discussions entre Westmoreland et DePuy, qui aurait donné son nom à la tactique en question.
Bien que Westmoreland niera par la suite que le search and destroy soit une procédure tactique, il n'en reste pas moins que c'est celle mise en oeuvre par la majorité des unités américaines au Viêtnam. Elle suppose que la supériorité de puissance de feu et technologique des Américains leur permet d'écraser l'adversaire si jamais il est engagé au contact. C'est une tactique agressive où les troupes américaines, véhiculées par hélicoptère, recherchent l'engagement pour détruire l'ennemi, et éventuellement ses camps de base. Elle vise à tuer des hommes plutôt qu'à conquérir du terrain : les soldats sont débarqués, engagent l'ennemi et repartent de là où ils sont venus jusqu'à la prochaine opération.
Tous les militaires américains ne sont pas forcément d'accord avec cette approche, en particulier le commandant de l'USAF et celui des Marines. Le général Gavin suggère de limiter l'intervention américaine à des enclaves, qui seront sécurisées, laissant le gros des combats à l'ARVN. Edward Lansdale préconise d'insister sur la pacification et la contre-insurrection dans les campagnes plutôt que sur l'engagement de bataillons de combat. Mais Westmoreland ne veut pas d'une stratégie défensive et rejette les enclaves. On le voit dès le mois de juin 1965 lorsque la 173rd Airborne Brigade, première unité de l'US Army déployée sur place, dans la province de Phuoc Long, au nord de Saïgon, est appelée en renfort pour soutenir l'ARVN à Dong Xoai. Le 26 juin, le Pentagone autorise Westmoreland à mener des opérations de combat. Deux jours plus tard, 3 000 hommes de la 173rd Airborne Brigade se lancent dans la War Zone D.
Westmoreland emploie en fait l'outil à sa disposition, conçu pour combattre les Soviétiques en Europe centrale et orientale, via la trouée de Fulda ou le corridor de Hof. Les planificateurs qui se chargent du transfert des unités au Sud-Viêtnam pensent qu'elles viendront facilement à bout d'unités irrégulières de guérilla. Westmoreland, influencé par son expérience de la Seconde Guerre mondiale et de la Corée, a cru pouvoir infliger aux communistes suffisamment de pertes pour les faire plier, tout en limitant les pertes américaines. Mais, en réalité, le Nord-Viêtnam peut produire 200 000 nouvelles recrues chaque année. Les Américains n'ont jamais été capables d'éliminer autant de soldats ennemis en une seule année. En outre, les communistes ont l'initiative et choisissent fréquemment le lieu du combat, s'évadant facilement au moment opportun. Après l'offensive du Têt, le terme search and destroy est remplacé par celui de "reconnaissance in force". Mais la tactique, elle, reste la même, quoiqu'en dise les détracteurs de Westmoreland.
Pour en savoir plus :
Cecil B. CURREY, "Search and Destroy", in Spencer C. TUCKER (éd.), THE ENCYCLOPEDIA OF THE VIETNAM WAR. A Political, Social, and Military History, Second Edition, ABC-Clio, 2011, p.1030-1031.
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